- soûle
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soûl, soûle ou, vieilli, saoul, saouleadj.d1./d Ivre.|| Fig. Soûl de: grisé par. Soûl de paroles.⇒SOULE, subst. fém.A. — Ballon de cuir rempli de son ou de foin qui se lance à main nue ou avec le pied. C'est alors à celui qui a conservé assez de vigueur de s'échapper avec la soule, faiblement poursuivi par des rivaux exténués. Il a bientôt atteint la limite de la commune voisine où il doit poser le ballon, obtenant ainsi le prix tant disputé (DURON, La Bretagne catholique, 1856 ds J. MERCIER, Footb., 1966, p. 9).B. — Jeu d'équipe très ancien qui se joue avec ce ballon. Au long des âges, les femmes (...) n'ont pas joué à la soule, ni à la quintaine (en honneur dans notre pays cinq siècles durant), ni à la paume (Jeux et sports, 1967, p. 1293).REM. Souleur, subst. masc., région. Joueur de soule. Une fois tous les souleurs réunis, les conditions de jeu sont proclamées à haute voix, le prix qui doit être décerné au vainqueur est indiqué (DURON ds J. MERCIER., p. 8).Prononc.:[sul]. Étymol. et Hist. 1174-77 « boule de bois, ballon de cuir qui se lance à main nue ou avec le pied » (Renart, éd. M. Roques, VIIb, 7080); 1174-77 « jeu d'équipe qui se pratique avec cette boule, ce ballon » (ibid., IIIa, 4404). D'un mot a. b. frq. de la famille du germ. keula- « cavité, voûte; objet rond »; cf. le dér. zoleur « joueur de boule », att. dès ca 1170 (THOMAS, Horn, éd. M. K. Pope, 4884).soûl, soûle ou (vx) saoul, saoule [su, sul] adj. et n. m.ÉTYM. XIIIe, saoul; saul, v. 1112; lat. satullus, de satur « rassasié ». REM. En poésie, on a employé l'orthographe sou (→ Lare, cit. 2).❖———2 Fig., littér. || Soûl de… : rassasié, saturé de (qqch.) au point d'en être dégoûté (→ Note, cit. 23; pleurnicherie, cit. 1).1 Mais Vitalis, saoul de plaisir lui aussi, las d'une même présence, obsédé de reproches, demeurait de glace devant ces fureurs nouvelles et plus tendres.P.-J. Toulet, la Jeune Fille verte, VI.b ☑ (XVe). Mod. (précédé d'un possessif). Tout mon,… tout son,… tout leur soûl : autant qu'on veut, à satiété. ⇒ Content (son), suffisance (sa). || Boire, manger, dormir tout son soûl. || Rire, fumer tout son soûl (→ 2. Bien, cit. 5; fumerie, cit. 2). || Se plaindre tout son soûl (→ Endurer, cit. 8). — Vieilli (sans tout). || Mon, son soûl (→ Gras, cit. 44).2 Ma femme est morte, je suis libre !Je puis donc boire tout mon soûl.Lorsque je rentrais sans un sou,Ses cris me déchiraient la fibre.Baudelaire, les Fleurs du mal, Le vin, CVI.3 (…) seule, et la porte close, elle pourrait sangloter tout son saoul.Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 25.———II Fam.1 (1534). Ivre. ⇒ Plein (→ Paraître, cit. 56). — ☑ Loc. Soûl comme un âne, un bourrin, une bourrique, un cachalot, un cochon. ☑ Soûl comme une grive (cit. 2 et 3). ☑ Soûl comme un Polonais. — Un peu soûl (→ Bourreau, cit. 5). ⇒ Gris. || Fin soûl : complètement soûl. || Femmes bêtement soûles (→ Fêtard, cit. 1). ☑ Loc. Des raisonnements de femme soûle, absurdes.4 (…) je n'ai pas la permission de m'enivrer, fût-ce un jour par hasard. Ma vie doit être respectable. Songez donc : un de mes élèves me rencontrerait saoul dans la rue (…)Gide, les Caves du Vatican, III, 15.2 Fig. Enivré, grisé. || Soûls de paroles (→ Galéjer, cit. 1). || Soûl de mouvement, de grand air.5 Enfin ! Nous nous sentions Hommes ! Nous étions pâles,Sire, nous étions soûls de terribles espoirs (…)Rimbaud, Poésies, IV.❖DÉR. Soûlard, soûlaud, soûler.COMP. Dessouler. — Soûlographe, soûlographie.HOM. Sou, soue, sous. — (Du fém.) Soul.
Encyclopédie Universelle. 2012.